Parisien reste fin, sceptique et distingué malgré tout; dans les instants graves il saura être généreux, je crois. On peut considérer qu’il subit la même poussée que l’aristocratie au XVIII e siècle. Vous rencontrerez constamment aujourd’hui le type ‘ouvrier intelligent et instruit’; il ne croit plus aux vieilles histoires de jadis; beaucoup croient à la science (!) mais surtout beaucoup ont refoulé les bons élans intérieurs, attirés par le désir de raisonner. Sans doute la plupart restent de braves gens et de bons types, malgré tout, et intuitivement, mais leur système les condamne, logiquement. Vous entendez des gens du monde dire avec sourire que ‘la demi-culture, la demiscience, le demi-intellectualisme ne leur donnera rien’. Mais, ô braves gens, est-ce que l’intellectualisme tout entier vous donnera beaucoup plus? Cependant que le positivisme (matérialisme mal déguisé) descend et se vulgarise, voici qu’une tendance vers l’Idée se montre dans l’Élite, chaque jour plus forte. Toute la fin du XIXe siècle en est pleine et la manifestation la plus marquée est sans doute dans la poésie moderne, puis dans la musique. La forme souvent prise est celle d’un retour au christianisme catholique ou évangélique galiléen. Quelle valeur y a-t-il dans les innombrables et diverses oeuvres ayant cet aspect? Quelles différences en effet! aperçues dès qu’on prend q[uel]ques noms (Verlaine, Huysmans, Barrès, Francis Jammes, Péguy, Bourget, Claudel, Le Cardonnel etc.). 3 Je fais cette salade exprès, pour montrer le tri à faire. Nous en recauserons si vous voulez. Il serait convenable de discerner en chacun ce qui revient à diverses causes: snobisme, intérêt, sincère repentir, defaut d’intelligence, croyance catholique et littérale du dogme, point de vue social (national, provincial, traditionnel, école), évocation du passé, procédé littéraire, pragmatisme, etc. Il convient surtout de dire pour chacun en quelle mesure il peut influencer notre vie intérieure vers la connaissance du bien suprême.
Mon vieux, je serai là en septembre, bien content de vous revoir; croyez à toute mon amitié.
Jean Verdenal
1) J’ai lu le Mystère de la Charité de Jeanne d’Arc. 4 J’aime surtout le récit que Madame Gervaise fait de la Passion (Bethléem et finit à Jérusalem). J. V.
2) Tâchez donc si possible d’entendre qq. chose de Wagner à Munich. J’étais l’autre jour au Crépuscule dirigé par Nikisch; 5 la fin est sans doute un des points les plus hauts où l’homme se soit élevé.
3) J’oubliais encore de vous dire que le semaine d’avant j’ai eu plusieurs fois le plaisir d’aller avec Prichard 6 boire de l’eau minérale et manger des haricots verts, en divers restaurants. Quelle âme belle et forte, mais un peu raide quand on ne la connaît pas encore. 7
1–TSE was staying at Pension Bürger, Luisenstrasse 50, Munich.
2–Unidentified.
3–Paul Verlaine (1844–96), poet; Joris-Karl Huysmans (1848–1907), author of À Rebours; Maurice Barrès (1862–1923), nationalist intellectual and polemicist; Francis Jammes (1868–1938), poet; Charles Péguy (1873–1914), poet and Catholic nationalist, discussed by TSE in NS 8 (7 Oct. 1916); Paul Bourget (1852–1935), novelist, whose Lazarine was reviewed by TSE in NS 9 (25 Aug. 1917, unsigned); Paul Claudel (1868–1955), influential Catholic poet, dramatist and essayist, to whom TSE paid tribute ( Le Figaro Littéraire 10, 5 Mar. 1955); Louis Le Cardonnel (1862–1936), religious poet.
4–Charles Péguy, Le Mystère de la Charité de Jeanne d’Arc (1909). Much of Péguy’s drama takes the form of a theological dialogue between Madame Gervaise and Jeanne. Mme Gervaise’s meditation on the Passion includes: ‘Vie commence à Bethlehem et finie à Jerusalem / Vie comprise entre Bethlehem et Jerusalem. / Vie inscrite entre Bethlehem et Jerusalem … / Vie commence à Bethlehem et qui ne finit pas à
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